UN MARATHON : ça se raconte...
Le Marathon de Ginette...
6 avril 2008, date fatidique, je ne peux plus reculer...
C'est le grand jour, le jour du marathon de Paris, mythique pour beaucoup, surtout pour moi qui me sens un peu "parachutée" dans ce milieu de sportifs. Si Laurie (ma fille) ne m'avait pas poussée fortement dans le dos, c'est sûr, jamais je n'aurais eu l'audace de me lancer dans cette aventure, qui concernait selon moi, des gens d'une autre planète, celle des athlètes et autres grands sportifs de tout poil. Et puis, bon, c'est fait, j'ai la faiblesse après quelques hésitations de me décider. Ça y est, je suis inscrite et Chloé compte sur moi, il faut que je récupère quelques sous pour l'aider dans son combat quotidien contre la maladie, donc, c'est décidé, je participerai à ce foutu marathon.
Nous sommes une quinzaine, parmi 37 000 pèlerins, à prendre le départ pour Chloé sous l'Arc de Triomphe, revêtus de nos coupe-vent (sorte de sacs poubelle améliorés) blancs à l'effigie de Paris, semblables à des pingouins dans ce froid glacial qui nous tétanise les muscles. C'est l'heure de vérité pour moi, vais-je tenir la distance ? Je repense à toutes ces matinées à courir sur la piste cyclable dans le vent et le gel pendant l'hiver, quelle galère et quel découragement certains jours où les jambes sont lourdes et ne suivent pas. Comme tous mes entrainements depuis six mois maintenant à raison de 3 fois par semaine me semblent vains, je me mets à douter : c'est vrai que je n'ai jamais couru sur une distance aussi longue, et au dernier entrainement long (27 Kms), j'ai ressenti une douleur très forte au niveau du genou droit. L'ostéopathe consulté m'a remis le "tibia dans l'alignement", mais est-ce que ça va tenir aujourd'hui ?
C'est parti ! un grand AAAAH de la foule nous averti que le départ est donné, car nous n'entendons même pas le starter. Pas de problème puisque nous sommes dans le dernier sas et qu'il nous faudra encore piétiner 15 minutes avant de pouvoir franchir la ligne de départ en évitant de se vautrer sur les milliers de bouteilles d'eau et de coupe-vent qui jonchent le sol, jetés au dernier instant par les concurrents précédents. Pendant que les hélicos de la télé tournent au-dessus de nous pour suivre la progression des premiers Kenyans, la plus belle ville du monde déroule ses superbes avenues sous nos pas, le spectacle est grandiose. Le souffle se régule rapidement et l'euphorie est réelle. Quels bâtiments superbes, quelle ville magnifique ! Je décide de commencer à m'hydrater beaucoup et à m'alimenter régulièrement, il parait que c'est une des clés de la réussite… et là, je constate que je ne sais pas boire en courant, bonjour les débordements !
Je me rends compte à ce moment-là de la chance que j'ai de participer à cette grande fête du sport, et tant pis si j'en bave, je vais me sortir les tripes pour aller le plus loin possible, au bout du rêve si je peux… Tant de personnes à ma place, tous ces gens que nous doublons avec un handicap, d'autres qui ne sont plus là, voudraient souffrir comme moi en ce moment. La vision de Benoît parti si tôt plane pendant quelques minutes sur ma course.
Les kilomètres défilent, 4 déjà : on en a fait le 10ème annonce Manue. Ouais, on peut le voir comme ça… Je ne lui réponds pas que pour moi, c'est les 9/10 restants qui m'inquiètent ! Nos dossards avec le prénom du concurrent imprimé permettent à la foule amassée tout le long des voies de nous encourager, et c'est peut-être très bête, mais qu'est-ce que ça fait du bien d'entendre « allez Laurie, allez Ginette… », la vie est belle, le moral est au beau fixe. Les rues défilent et vers le 10ème km, Manue, Laurie et moi décidons d'une stratégie toute féminine : trouver très vite une rue adjacente avec des voitures garées pour soulager nos vessies entre deux pare-chocs, chose faite en 24 secondes chrono. C'est fou de constater comment certaines attitudes humaines, condamnables en d'autres circonstances, peuvent se révéler excusables selon l'endroit, l'occasion… bref, c'est reparti !
Tout se déroule comme sur un petit nuage jusqu'au 20ème km. Là, une douleur insidieuse, similaire à celle ressentie il y a deux semaines se réveille, au genou gauche cette fois-ci. Paul contacté par tel nous suit via le métro, et sera au rendez-vous pour me procurer l'aspirine salvatrice. Le moral fait d'un seul coup une chute verticale dans les chaussettes. C'était trop beau, je vais devoir m'arrêter dans quelques kms pour une douleur, c'est vraiment trop bête… et Paul qui n'est toujours pas là au fil de la route. Ah, enfin, je reconnais le k-way rouge ! … sinon je crois bien que je l'aurais étripé ! Un encouragement de Nath (ma fille) au tel me remonte un peu. J'avale mon aspirine et je décide de ne pas m'écouter. Je ne m'arrêterai que si c'est vraiment in-su-ppor-table. L'aventure continue…
Le semi marathon est déjà derrière nous. Après la grande boucle par le bois de Vincennes où la plupart des hommes se collent contre un arbre (non merci, nous c'est déjà fait !), nous revenons dans le cœur de Paris par les voies sur berge. Les gens amassés sur les ponts, déroulant des banderoles pour nous encourager (marathoniens vous êtes des géants, ça le fait, non ?), les divers orchestres qui donnent le tempo tout au long, ça va des cors de chasse aux tambours du Bronx en passant par les Claudettes ou les orchestres de Jazz, procurent ambiance très conviviale, du coup les douleurs passent au second plan.
Km 25, porte de Charenton, c'est à peu près à ce niveau que se situe mon record de distance. A chaque montée, la douleur se manifeste. A deux reprises sur une dizaine de mètres, je suis obligée de marcher, mais sur le plat, ça peut aller, on continue. Remarque du moment : je ne sais toujours pas boire en courant.
Km 30 : là, tout le monde le dit, c'est le MUR ! Mon copain Hubert m'a bien briffé, à partir de ce moment-là, m'a-t-il dit, c'est le mental qui doit prendre le relais. Grâce à ses encouragements et à la pensée de tous ceux qui m'ont soutenue dans ce défi, sans parler du soutien continu sur le terrain de Laurie, Raphaël et Manue qui m'entourent de leurs conseils, l'obstacle se franchit sans trop de dégât. Laurie, elle a un passage « moins bien », elle souffre des deux genoux. Raphaël, quant à lui est blessé depuis plusieurs jours au genou et saute sur une jambe, plus qu'il ne court. On passe devant Rolland-Garros et Manue m'incite à continuer en affirmant qu'à partir de là, on va faire le décompte en sens inverse : plus que 9, plus que 8… et c'est à partir de cette petite stratégie que je suis sûre de tenir. Je ne peux pas admettre l'idée de m'arrêter si près du but, à genoux s'il le faut mais j'irai au bout ! A compter du km 35, Laurie va un peu mieux. Dépassement dans le bois de Boulogne d'une dame qui avoue 73 ans et qui court son 44ème marathon, elle a commencé à 50 ans, chapeau bas, madame ! Nous dépassons depuis un certain temps des tas de gens appuyés contre un arbre faisant des étirements pour stopper une crampe, pliés en deux pour souffler, marchant tout en essayant de récupérer un peu. Les traits sont tirés, la fatigue se fait sentir et depuis quelques km une contracture dans la fesse droite me fait serrer les dents, mais à ce niveau de la course, comme dit Manue la philosophe, tout le monde a mal quelque part.
Km 39 : pourquoi, il est si long celui-là, une erreur de l'organisation ?
A compter du km 40, je sais que c'est gagné, que du bonheur… ! Pendant les deux derniers km je repense au chemin parcouru depuis six mois, et en toute modestie, je suis assez fière de moi, mes 57 printemps au compteur ne m'ont pas empêché de mener l'aventure à bien, même si je trouve que la banderole d'arrivée est placée bien loin.
J'en ai fini avec la course, je pourrai dire à mes petits-enfants un jour que leur grand-mère a fait le marathon de Paris juste avant la révision des 60 000, pas donné à tout le monde, non ?
Je ne peux pas m'empêcher de verser ma petite larme en franchissant la porte du paradis. Merci à Laurie à l'initiative de ce marathon pour Chloé, et à Raphaël, sans eux, sans leurs encouragements pendant tout ce temps, je ne sais pas si j'y serai arrivée, merci pour la belle aventure.
Le marathon de Laurie…
Depuis le temps qu'on en parlait, cette fameuse date du 6 avril 2008 arrive enfin. Cela fait un an que j'ai lancé l'idée auprès de Christine et Stéphane : Ils étaient 35000 l'année dernière… Alors pourquoi pas nous ? C'est un beau challenge que l'on peut comparer au combat de Chloé contre la maladie au quotidien. Donc on ne réfléchit pas… On fonce et on y va !
Une quinzaine de « barjots » m'ont suivi dans cette idée folle… Ma mère, mon petit ami, les parents de Chloé et mes amis sont à mes côtés… Ceci va me donner la force d'avancer : j'ai une motivation d'enfer… Même pas peur ! Seule l'absence de deux personnes qui me sont très chers, me dérange : Chloé, la « crevette », qui, souffrant d'une pneumonie, n'a pas pu venir… Et Benoît, mon cousin de 23 ans, qui s'est envolé trop tôt et qui aurait du être à nos côtés ce matin… Je ne peux donc m'empêcher de prendre le départ, sans quelques larmes qui coulent sur mes joues, en son souvenir…
Le départ est donné à 8h45. La compagnie des petits poussins jaune et orange de « Courir pour Chloé » s'élance à l'assaut de ses 42kms195… Paris, attention, nous voilà !
Les premiers kilomètres se font à une allure honorable puisque nous avoisinons les 10Km/h. Je reste en compagnie de ma mère, car je veux que l'on partage ce défi ensemble. Je suis très fière d'elle, car je ne connais pas beaucoup de maman qui à 57 ans, oserait se lancer dans une telle aventure. Alors je veux que l'on partage ce fort moment, ensemble…
Nous avançons tranquillement tout en nous ravitaillant correctement afin de ne pas avoir de baisse de régime. Nos supporters nous attendent sur la route : mon père Paul, et mes beaux-parents, Danielle et Jean-Louis. Leur présence me fait du bien car je sais que nous pourrons compter sur eux, et sur le contenu de leur sac à dos (pharmacie, boisson, barres énergétiques,…). Il est vrai que mon appréhension première n'est pas tant de ne pas avoir le souffle ou les jambes pour finir ce marathon, mais plutôt d'avoir des ampoules qui m'empêcheraient de poursuivre.
Le 20ième kilomètre est atteint assez facilement. Temps de passage : 2h10. Je me sens bien. Mes jambes, malgré ma semaine de stage de Tandem-ski, ne semblent pas trop fatiguées. Seule une petite douleur dans le genou droit fait son apparition. Il en est de même pour ma mère, ainsi que pour Raphaël, qui est, à certains moments, contraints de sautiller tant la douleur est stridente. C'est donc avec un grand soulagement que nous retrouvons nos supporters. Des aspirines sont jetés dans nos gourdes et nous voilà repartis pour les derniers 20 kilomètres! Nous poursuivons notre route mais à une allure plus lente, vu que la fatigue commence à se faire ressentir… Fred, le cousin de Raph, est lâché. Raphaël décide de rester avec lui pour le motiver et le contraindre (oui, oui, c'est bien le terme !... Une histoire de train qui quitte la gare !) à continuer.
Nous nous retrouvons donc pendant une dizaine de kilomètres à trois : Manue, ma mère et moi. Raphaël nous rattrapera vers les 35 kilomètres.
Nous passons la barre des 30 kilomètres… La fatigue commence à pointer le bout de son nez, et la présence de moins en moins grande de supporters nous démotive un peu. Heureusement, la magnifique ville de Paris nous en met pleins les yeux : la Tour Eiffel, Notre Dame, Rolland Garros, le Château de Vincennes…
Nous débutons le compte à rebours des 10 derniers kilomètres. Mes jambes commencent à être lourdes mais elles ne me font pas souffrir. Je continue donc à avancer avec mes trois partenaires sans trop de souci. A chaque ravitaillement, je prend le temps de récupérer de l'eau et une banane pour ma mère, nécessaire pour pouvoir mener à bien cette aventure. A partir du 35ième kilomètre, nous poursuivons notre parcours dans le bois de Boulogne. Cette partie du parcours me parait très longue car nous croisons d'autres coureurs qui ont eux, bouclés le tour d'un des lacs du bois… Autant dire qu'ils ont 4 kilomètres d'avance sur nous… « On peut pas couper ! » dit tout haut ma mère, ce que tout le monde pense tout bas !
Le moral en prend donc un coup et les kilomètres autour de ce fameux lac paraisse interminables. Même les rillettes gentiment distribuées par des bretons ne nous consolent pas ! Enfin sauf Raphaël, qui ne s'est pas fais prié pour les goûter !
Puis viens la délivrance : nous passons la borne des 40 kilomètres… Nous savons tous que quoi qu'il arrive, nous passerons la ligne d'arrivée… Les visages se détendent, le moral remonte au beau fixe, nous plaisantons,… Car il faut bien avouer que nous sommes fiers de nous : nous avons relevés ce fabuleux défi tous ensemble…
La ligne d'arrivée approche : un dernier encouragement de mon cousin Laurent et de sa fille Adèle, nous aide à trouver le courage pour boucler cette épopée. C'est donc, main dans la main, que ma mère, Raphaël et moi, nous passons sous la banderole des 42Kms195. Beaucoup d'émotions, de pleurs… Je suis fière d'eux, et ravie d'avoir partagé ce moment, fort, avec eux deux.
Bien évidemment, nous ne partions pas dans l'optique de réaliser un temps lors de ce marathon. Le plus important était de vivre quelque chose de fort ensemble… Qui a duré 4h54 !
Le marathon de Sandra...
Notre marathon : plus qu'un challenge, 42 km d'amour…
Quelques mois de préparation physique mais surtout un mental d'acier pour réaliser le challenge que nous nous étions fixés : courir le marathon de Paris 2008 pour Chloé! Je m'en souviendrais longtemps! Malgré un froid de canard, j'avais le feu aux baskets avant la ligne du départ. Ma plus grosse crainte était que ma tendinite au genou droit m'empêche de finir. Mais quand je vois toute l'énergie que déploie Chloé Christine et Stéphane au quotidien depuis déjà plus de six ans, je me suis dit qu'une tendinite ce n'était rien à côté.
Malheureusement Chloé n'était pas au départ à cause de sa pneumonie mais elle était dans mon cœur et mon esprit, et ce, tout le long de ces 42 Kms!
8H45 voilà le départ donné. Nous partons en groupe avec Christine et Stéphane, heureux de réaliser cette épreuve ensemble. Nous commençons à arpenter les rues de Paris, je reconnais le tracé du semi-marathon dans le sens inverse. Je suis contente et je me sens bien. Arrivés au 12ème ou 14ème km, Christine ne se sent pas très bien. Premières inquiétudes, on ralentit mais ça ne passe pas, alors Christine nous indique d'y aller sans elle. Après plusieurs échanges, nous avons finalement pris chacun notre rythme. J'ai rejoins mon père qui m'attendait au 20ème km pour nous ravitailler et nous accompagner jusqu'au bout de l'aventure. D'ailleurs je tiens à le remercier car jusqu'au 38ème km il m'a était d'une grande aide !!! Porté de bidon, encouragements…, merci Papa, je suis fière de toi.
C'est à partir du km 34 que j'ai commencé à ressentir des douleurs articulaires assez prononcées, mais le retour de Stéphane, à ce même moment, m'a redonné un coup de peps car nous avons un peu parlé. La montée du 36ème km me fait de plus en plus ressentir les douleurs articulaires, surtout mon genou droit ! Je n'ai alors plus qu'une image en tête : ma petite Chloé !!! avec l'idée qu'elle reviendra en marchant des USA.
Au 39ème, je croise Raymonde, qui nous a sponsorisé, qui m'encourage. Finalement le 40ème et 41ème arrivent vite ! Premières émotions à cette borne verte du km 41, je regarde ma montre je suis sur la dernière ligne droite. Je me dis que je dois passer cette ligne avant 4H45, alors j'accélère un peu et je vois Stéphane sur la ligne d'arrivée ! Je me jette dans ces bras et je pense très fort à toi Chloé !!! Je t'aime.
Ps petite filoute : Le prochain, on le fait ensemble !!!
Le marathon de Christine ...Le rendez-vous est donné: 7h45 sous l'Arc de Triomphe.
5 heures, il est l'heure de se lever et de se préparer à affronter l'inconnu. Nous quittons l'hôtel aprés le petit déjeuner, thé mais pas trop, je redoute de ne pas arriver à me retenir, biscuit énergtique, un peu de crème anti frottement et me voila partie.
Je suis assez décontractée. Stéphane reste prévenant et maman ainsi que Patrick nous accompagne, vélo à la main. On cherche le lieu de rendez-vous et l'on croise une chose tout droit sortie de on ne sait où habillée d'un sac poubelle descendant jusqu'au pied et revêtue du fidèle plastique marathon. Cela me confirme que nous allons participer à un évènement exceptionnel dont je ne mesurais pas encore la dimension.
Sous l'Arc de Triomphe les coureurs de l'association se font attendre. Le froid commence à me glacer le sang. Les groupes se forment pour la photo souvenir et je m'impatiente car j'aimerai en faire autant avant que le départ ne soit donné Nous la ferons finalement au dernier moment. Tout le monde est la même Maurice 77 ans arrivé ce matin même. Chloé m'accompagne par le biais d'une photo accrochée à mon maillot mais, surtout dans mon coeur.
Tel un martien je me télporte vers le groupe de coureurs qui s'amassent afin de prendre le départ. J'essaie de ne pas perdre de vue Stéphane et sandra. L'attente me refroidit le sang. Les bouteilles jonchent le sol et l'urine des mecs coulent sous nos pieds. 35 000 personnes sont attendues pour prendre le départ et je joue du coude pour arriver à me maintenir avec les autres.
15 minutes seront nécessaires pour franchir le ligne de départ. Je commence par le parcours du combattant. Il faut éviter les bouteilles d'eau, les habits qui jonchent le sol, les tubes de produits dopants et se maintenir prés de ceux avec qui ont veut courir. J'aperçois ma mère plaquée contre le grillage s'égossillant "Allez Chloé". Un petit geste de la main et c'est parti ! Mais trés vite, les savoyards prennent leur envol. Je poursuis donc avec Sandra, Big et Stéphane. C'est bien la 1ère fois que je franchis les Champs Elysées en courant. Je profite du spectacle même si je connais déja les lieux puisque j'y ai déja travaillé. Je cours pour la bonne cause, pour Chloé qui aimerait tant pouvoir le faire. Je suis dans cette fameuse aventure pour elle. Sans cela je ne pense pas que je l'aurais fait un jour. J'espère simplementêtre à la hauteur !
Petit à petit les kilomêtres défilent sans que je ne me rende compte. Peut-être est ce du au fait que Sandra et Stéphane m'accompagnent. Big a déja pris son envol. Je remarque un peu plus loin Maurice qui semble être sur sa vitesse de croisère. Les pompiers sont nombreux à soutenir les coureurs. Les groupes musicaux m'apportent tout au long du parcours un moment d'évasion. Je me sens bien. Nous avons fait environ 10 kms quand soudain, l'envie de me soulager la vessie se fait ressentir : Sandra, Stphane, je décroche dans la prochaine rue à droite. Ils en feront autant, chacun derrière une voiture et à la vitesse de la lumière. Et nous repartirons le coeur vaillant et la vessie légère.
Une douleur vient alors m'envahir sous la poitrine. J'ai un point de côté comme j'avais eu aux derniers entrainements. Ca va passer ! Malheureusement au km 15, la douleur s'accentue et prend place pour ne plus partir. Je souffre le martyre et voie le marathon me filait sous les doigts. Je n'en peux plus, j'ai trop mal. Je m'accroche pour Chloé, Stéphane est lEpour m'aider et Sandra m'apporte les mots réconfortants. Je continue de courir mais je ne pense plus qu'Ea. De ce fait j'ai ralentit ma cadence et suis en perte de vitesse sur mon temps. C'est Stéphane qui annonce le temps à Sandra. Je suis décue et navrée de les emmener dans ma galère.
Le coeur lourd je demande à Sandra et Stéphane, quelques kilomètres plus loin, de poursuivre sans moi. Je n'ai plus la notion de la distance parcourue. Il me semble que c'était le km 18...J'ai besoin de récupérer et il faut qu'ils continuent pour Chloé. Ils essaient de m'accrocher à eux mais rien n'y fait. Je les voit partir doucement en se retournant plusieurs fois. Je marche la tête basse, les larmes me montent aux yeux, je ne suis pas assez forte pour Chloé. J'en profite pour me ravitailler correctement et je m'aperçois que les quartiers d'orange me font un bien immense. Puis surprise Stéphane est revenue sur ses pas pour me chercher.
Nous franchirons ensemble le semi. Je lui demande alors de poursuivre, d'aller à son allure. J'avais retrouver confiance. C'est à ce moment que ma mère m'a rejointe en vélo et ne m'a quasiment plus quitté!
Etrangement je poursuis mon chemin EctEdes personnes handicapes. Un mec en fauteuil me fait un clin d'oeil ! A ce moment je me dis que je n'ai pas le droit de m'arréter.
Je pense même que c'est un signe du destin ! Je songe à Chloé et au pourquoi de ma présence à ce marathon, COURIR POUR CHLOE. D'ailleurs le reste du parcours je le ferais à plusieurs reprises Eses cts.
Les montées se font de plus en plus nombreuses et difficiles. Je sens au km 28 une ampoule sous le pied. Les encouragements viennent des spectateurs en nombre. La foule est stupéfaite de voir ce groupe de personnes handicapées fouler les pavés de Paris à une allure plus que honorable et les applaudissements pleuvent. De temps à autre on entend allez on continue pour Chloé. Ce sont les badauds qui lisent l'inscription sur le maillot que porte ma mère. D'ailleurs j'entendrais régulirement sur la fin du parcours allez on cours pour Chloé. Ca fait un bien fou. Ma puce on pense à toi !
Je n'aurais pas le Mur des 30 km. Je n'y pense même pas. éDsormais ce sont les douleurs physiques qui se font ressentir. J'ai un mal fou aux fesses ! Je prendrais désormais à chaque ravitaillement une boisson énergissante et des quartiers d'orange. Mais la reprise, aprés un court passage à la marche, est d'autant plus dur. J'ai du mal à redémarrer sans ressentir mes muscles de cuises se tétaniser. Ma démarche est chaloupée mais je reprend vite le dessus. Les kilomètres sont étrangements interminables, je dois être sur une autre plante. Voir les coureurs devant moi à l'occasion de la fameuse boucle du bois de Boulogne me donne le bourdon. Ce serait tellement plus simple de couper. Je me demande alors si Stéphane est arrivé. Je regarde ma montre pour la première fois et je m'aperçois que j'ai beaucoup de retard sur mon temps estimé. Tant pis, ma détermination reste intacte. Je dois aller jusqu'au bout. J'aperois Raymonde au delà du km 39 (Sponsor Boutique du Marathon). Je l'appelle pour lui montrer que je passe. Elle m'encourage alors et siffle à tout va dans son sifflet. A partir de ce moment, je sais que la fin est proche. Je prend mon dernier tube coup de fouet et je m'accroche. Ma cloque me semble être en sang et me fait souffrir. Un dernier ravitaillement et je tiens le bon bout. Je ne dois pas m'arrêter. Je me met la pression. Je dois absolument franchir la ligne d'arrive en courant. Les coureurs s'arrêtent. Je suis stupéfaite de voir qu'ils n'ont plus la force de continuer. Pour moi tout va bien. Je sais désormais que la fin est proche et que j'aurai menEEterme ce super défi. J'ai hâte de retrouver Stéphane et le reste de la troupe. Ma mère l'a eu au télphone cela fait un moment qu'il est arrivé ainsi que Sandra. Ca y est j'y suis, je pose les pieds sur le 1er tapis. Je cherche du regard partout pour voir Stéphane. Je suis comme transportée sur une autre planete. Je plane sans aucune euphorie. On me retire la puce. J'en oublie d'arréter mon chrono. Je m'arrètà nouveau pour chercher aux alentours un visage que je connais mais personne. Je pense alors que Sandra et Stéphane doivent être en train de se faire masser. 10 secondes de lucidité et j'arête mon chrono. Il affiche 5 h 21. Je suis un peu décue. Je n'imaginais pas une arrivée de cette manère, seule ! On me donne alors la médaille du marathon.
Notre point de rendez-vous final se trouve à la lettre V. J'avais pensé C comme ChloE..
Je déambule donc jusqu'à la lettre sans voir personne. Une éternité. J'aperois finalement le groupe des savoyards. Je suis la dernà avoir franchi la ligne d'arrivée. Qu'à cela ne tienne, je ferais mieux la prochaine fois.